Zoom sur les titres et les auteurs en lice






Quand sort la recluse

Une nouvelle enquête du commissaire Adamsberg…

Fred Vargas, de son vrai nom Frédérique Audoin-Rouzeau, est une femme de lettres française.
Auteur de romans policiers à fort succès, elle a choisi, avec "Vargas," le même pseudonyme que celui de sa sœur jumelle Joëlle, peintre contemporaine connue sous le nom de Jo Vargas, en référence à Maria Vargas, personnage joué par l'actrice Ava Gardner dans le film "La Comtesse aux pieds nus."

Après son bac, elle entreprend des études d'histoire. Elle s'intéresse à la préhistoire, puis choisit de concentrer ses efforts sur le Moyen Âge. Elle a écrit en 2003 un ouvrage scientifique sur la peste noire (Les Chemins de la peste, le rat, la puce et l'homme).
Elle a débuté sa "carrière" d'écrivain de roman policier par un coup de maître. Son premier roman "Les Jeux de l'Amour et de la Mort", sélectionné sur manuscrit, reçut le Prix du roman policier du Festival de Cognac en 1986 et fut publié aux éditions du Masque.
Devant ce succès grandissant, l'auteur se fait de plus en plus rare, fuyant tout ce qui peut ressembler à une mondanité. Elle occupe le temps libre qui lui reste à sa famille: son fils, maintenant lycéen, et sa sœur, qu'elle considère comme sa moitié.
Elle a publié une dizaine de romans, et quelques bandes dessinées avec Edmond Baudoin.
Elle a fait de son frère Stéphane Audoin-Rouzeau le personnage d'un de ses romans.

"Pars vite et reviens tard" reçoit, en 2002, le Grand prix des lectrices de Elle 2002 - (catégorie policier), le Prix des libraires 2002 et le Trophée 813 du Meilleur roman francophone 2002.
Elle a obtenu le prix Landerneau polar en 2015 pour " Temps glaciaires " aux éditions Flammarion.

"Fred Vargas a inventé un genre romanesque qui n'appartient qu'à elle : le Rompol. Objet essentiellement poétique, il n'est pas noir mais nocturne, c'est-à-dire qu'il plonge le lecteur dans le monde onirique de ces nuits d'enfance où l'on joue à se faire peur, mais de façon ô combien grave et sérieuse, car le pouvoir donné à l'imaginaire libéré est total. C'est cette liberté de ton, cette capacité à retrouver la grâce fragile de nos émotions primordiales, cette alchimie verbale qui secoue la pesanteur du réel, qui sont la marque d'une romancière à la voix unique dans le polar d'aujourd’hui." (Jeanne Guyon, Le Magazine Littéraire)





Le petit garçon sur la plage 


Un soir d’été, un homme, dans une salle de cinéma, est bouleversé par l’image d’un enfant abandonné sur une plage. Quelque temps plus tard, une autre image, d’un autre enfant, sur une autre plage, vient en écho raviver en lui cette émotion violente et incompréhensible. Ces deux images, s’embrasant au contact l’une de l’autre, vont révéler les fêlures intimes de cet homme qui jusqu’alors se croyait à l’abri des soubresauts du monde et des remuements du coeur. De réminiscences en visions, sa vie vacille en silence, débordée par une lame de fond qui renverse et transfigure tout sur son passage : les certitudes, les beaux jours insouciants, l’enfance perdue, ses mystères et ses châteaux de sable, et

le regard fragile, d’amour et d’effroi mêlé, que portent sur leurs fils les hommes qui sont un jour devenus des pères.

Ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé d'anglais, il quitte l’Europe aux anciens parapets pour s’installer à New York, où il a la riche idée de débarquer fin août 2001, quelques jours avant l’effondrement des tours du World Trade Center… 

À l’université Columbia, il prépare une thèse de littérature américaine et enseigne le français pendant deux ans. 

De retour en France, après un faux départ dans le monde universitaire, dont il se sépare assez vite par consentement mutuel, il devient éditeur de littérature étrangère et entame une carrière parallèle de traducteur (de Joan Didion, Paul Harding ou encore William Vollmann).




Bakhita

Dans son roman "Bakhita", la romancière, dramaturge et comédienne Véronique Olmi raconte l'histoire vraie d'une femme qui, enlevée enfant et réduite en esclavage, devint religieuse avant d'être canonisée par le pape Jean-Paul II. Une vie à travers les violences du monde. Un corps meurtri par l'inhumanité des humains, mais qui avance quand même, toujours. Une femme qui traverse l'Histoire et est témoin dans sa chair des horreurs de l'esclavage, du colonialisme, des guerres mondiales, du fascisme…




La vie automatique

Au départ, il y a l'incendie. Jean a oublié d'éteindre sous une casserole. Il en profite pour oublier aussi sa vie en abandonnant sa maison aux flammes. Acteur de séries B, il va désormais se contenter de survivre. La fiction devient son refuge, la vie elle-même une toile de fond. C'est dans cette atmosphère de désenchantement qu'il rencontre France Rivière, une actrice encore célèbre qui lui propose de s'installer chez elle. Puis son fils, Charles, un homme intrigant qui sort de l'hôpital psychiatrique. Jean s'attache à ses pas, perd sa trace, s'interroge sur son absence, qui le renvoie à celle qu'il éprouve face au monde...

La vie automatique met en scène un homme qui tire un trait sur le passé mais ne se résigne pas à s’engager dans une nouvelle vie. Sans perspective d’avenir, il se laisse conduire où le vent le pousse, tout en ayant une conscience aiguë de la « crise » qu’il traverse.Un admirable roman sur la dérive d’un homme qui renonce à l’illusion de vouloir maîtriser le cours de son existence.





Mercy Mary Patty

Avec "Mercy, Mary, Patty", retour, sous la plume de Lola Lafon, sur l'affaire Patty Hearst. Enlevée en 1974 par un groupuscule révolutionnaire d'extrême-gauche, cette fille d'un richissime patron de presse bascule du côté de ses ravisseurs, et participe au braquage d'une banque. Un roman qui ausculte avec finesse les non-dits béants d'une Amérique opulente…




Les rumeurs du Mississippi 

Sara Kaplan, journaliste au New-York Times, reçoit la confession d’un ancien soldat, Barnes, vétéran de la guerre d’Irak. Barnes revendique le meurtre d’une tzigane de 17 ans. Meurtre pour lequel un Indien a été condamné cinq ans auparavant à la peine capitale. Sara Kaplan publie la lettre. L’affaire occupe d’un coup le paysage médiatique et divise l’Amérique. Sara est hantée depuis l’enfance par le suicide de son père, vétéran du Vietnam. En s’acharnant à vouloir montrer la responsabilité de l’armée dans la folie de Barnes, elle cherche à surmonter la tragédie qui a détruit sa famille. Dans sa quête, Sara nous entraîne de New-York à Hué en passant par le Sud désenchanté des Etats-Unis en crise. Elle dresse, au travers de ses personnages, un portrait de l’Amérique d’aujourd’hui, s’interrogeant sur le rôle de la presse, le racisme, la violence des conflits, et sur la malédiction qui condamne les gens sans mémoire à revivre sans fin leur passé.

Louise Caron est auteur de romans et de pièces de théâtre Formation: docteur en neurobiologie et en biochimie. En 1983, elle entreprend une formation de comédienne au Théâtre Ecole de Montreuil, dirigé par Jean Guerrin. Par la suite, sa vie professionnelle s’organise entre la recherche, l’enseignement et la scène. En 1990, elle s’initie à l’écriture dramatique avec Michel Azama et Jacques Hadjage, au Théâtre de l’Est Parisien. En 2007, elle quitte Paris pour les Cévennes. Depuis elle consacre son temps à l’écriture et au théâtre.




Denise au Ventoux


Denise s’est entichée de Paul, le narrateur. C’en était gênant au début. Alors, malgré ses habitudes volontiers casanières, il n’a pas refusé. Ensemble, ils ont passé un an dans son appartement parisien, une année de routine sans tellement se divertir. Lui, le matin, se rend à son bureau quand elle ne sort pas, car Denise est un chien, de bonne taille, un bouvier bernois, une femelle, ancienne élève de l’école des chiens d’aveugle, un cancre recalé pour sa couardise urbaine. Jeune de quatre ans, elle avait de faux airs de Bakounine.

Entre eux, l’ordinaire des sempiternelles vadrouilles urbaines se limite à trois sorties quotidiennes dans une géographie relevant plus du pâté que du quartier, un pâté autour duquel ils tournent ensemble, sans varier, des flâneries au carré. Elle s’en contente, en bête, la langue souriante, le croupion au roulis, ses cuissots qui ressemblent tellement aux contours de l’Afrique. Un an de la sorte, Paul s’en fait une peine, tellement que, pour quatre jours, lui et la chienne s’offrent une escapade. Denise au Ventoux.

Mais que s’est-il passé à la descente entre Denise et son maître sur les gradins du grand Ventoux ? Subitement les voici face à face, comme jamais, rassemblés dans une calme éternité.

En marge des livres, en marge de l’édition, il s’adonne à sa plus grande passion : la montagne. Après avoir gravi une centaine de sommets dans le massif du Mont-Blanc, les Écrins et les Pyrénées, il cesse l’escalade à quarante-cinq ans et se consacre à l’écriture.




Article 353 du Code pénal

La confession d’un ouvrier breton floué par la vie et conduit à l’irréparable. «Article 353 du Code pénal»  est un roman étonnant, la confession d’un assassin à son juge. Martial Kermeur, dépouillé par un escroc qu’il vient de noyer, décrit sa chute et sa colère. Précis, court, mais néanmoins très dense, le récit tend vers une fin inattendue, magnifique…

Dans ses récits inspirés du cinéma, du jazz ou du roman noir, l’écrivain met en scène, dans une écriture nerveuse et rythmée, des personnages réunis par une intrigue (hold-up, arnaque, drame familial) ou une obsession (la note pure du jazzman, des scènes de film). Avec humour, parfois ironie, Tanguy Viel décrit un monde de tricheurs, de rêveurs, souvent de perdants troquant une réalité décevante contre le fantasme d’une vie meilleure.



Un certain Piekielny

Qui est Mr Piekielny ? Une fugitive apparition dans "La promesse de l'aube" de Romain Gary. De cette silhouette à peine esquissée, François-Henri Désérable tire un brillant roman qui entraîne le lecteur (côté sombre) dans l'histoire funeste des juifs lituaniens, et (côté allègre) dans une virtuose interrogation sur la littérature. Un prenant traquenard.

Au rang des célébrités natives d'Amiens, il faudra désormais compter avec François-Henri Désérable, trente ans à peine. Le prétexte de son troisième roman, "Un certain M.Piekielny", est tout mince. Intrigué par quelques lignes de "La promesse de l'aube", l'auteur, pardon, le narrateur, décide d'enquêter sur ce petit homme" à la "barbe roussie par le tabac" et aux airs de "souris triste", qui y apparaît fugitivement.

Quoi de remarquable chez ce M.Piekielny, à priori bien banal ? Il est le seul à prendre au sérieux les prédictions enflammées de Mina Kacew, la mère du futur Romain Gary ( "mon fils sera ambassadeur de France, chevalier de la légion d'honneur, grand auteur dramatique !"). Au point qu'il adjure l'enfant de répéter plus tard ce mantra aux "hommes importants" qu'il croisera : "au n°16 de la rue Grande-Pohulanka à Wilno, habitait M.Piekielny".




On ne dormira jamais

L’endroit est surnommé « L’Hôtel », mais c’est un institut médico-légal. Son directeur, le narrateur d’On ne dormira jamais, partage son temps entre sa table de dissection et l’élevage de lapins nains. Un quotidien subitement bousculé par l’intrigant Valère, producteur de films pornographiques. Le cinéaste propose de créer un « KluB » au sein de l’institut, où se donneront de fastueux et sépulcraux galas. Piscines de formol où flottent des cadavres, grande parade des morts, la « barbarie créatrice » de Valère est sans limite. Son but : replacer la mort au cœur du vivant, à l’instar des danses macabres du Moyen Age.
Ce sera le point de départ d’une longue et inexorable fuite en avant pour l’ensemble des protagonistes de cet Institut-Morgue-Hôtel-KluB-Clapier « nécroman­tique ». Epidémie foudroyante, meurtres en série, armée de rongeurs et cadavres ressuscités : bientôt, les frontières entre fiction et réalité se brouillent dans ce qui ressemble de plus en plus à un joyeux cauchemar. Quasi-huis clos, festif et monstrueux, le roman se présente comme un conte cruel dans lequel le lecteur est sans cesse ballotté (non sans un certain sadisme de la part de l’auteur) entre visions adorables de lapins « tendres et ravissants » et évocations horrifiques de chairs en décomposition.

Bruce Bégout est né en 1967 à Talence. Philosophe spécialiste de Husserl, il se consacre à l'exploration du monde urbain et à l'analyse du quotidien.









Le calendrier des prix littéraires ...

Agenda.

Le calendrier 2017 des grands Prix littéraires.
Goncourt, Renaudot, Femina, Interallié, Médicis...

De nombreux prix littéraires français viennent récompenser chaque année, à la fin de la rentrée littéraire, des auteurs francophones contemporains.

Comme le veut la tradition, l'Académie Française sera la première à dévoiler le nom de son lauréat, le 26 octobre avec  Mécaniques du chaos de Daniel Rondeau chez Grasset.

Le Prix Goncourt a été décerné le 6 novembre à Éric Vuillard pour L'ordre du jour publié chez Actes Sud. Dans ce court récit, l'auteur emmène son lecteur dans les coulisses de l'avant Seconde Guerre Mondiale au moment des tractations politiques qui ont menées à l'Anschluss en 1938. L'auteur nous fait bien comprendre que tout cela n'aurait jamais eu lieu sans l'accord et l'argent des industriels allemands qui ont soutenu le régime nazi...

Le Prix Renaudot a été attribué également le 6 novembre à Olivier Guez pour La disparition de Josef Mengele Chez Grasset. 1949, Josef Mengele arrive en Argentine. Il n'est pas le seul nazi a s'y réfugier. La dictature de Peron est bienveillante pour ces hommes en cavale mais tout cela prend la tournure d'une traque à travers toute l'Amérique du Sud. Le Mossad n'aura de cesse de retrouver ce(s) criminel(s) caché(s) et sans remords. Roman noir très réaliste qui nous plonge dans l'horreur des expérimentations médicales dans les camps et qui nous emmène dans les traces de Mengele qui ne survivra que dans la terreur de se faire arrêter...

Le Prix Goncourt des lycéens, Le Prix littéraire du Monde, Le Prix des libraires de Nancy ont primé L'art de perdre d'Alice Zeniter chez Fammarion. Un roman sur la question identitaire. Algérie, 1962. Naïma tente de comprendre pourquoi l'Histoire et la France ont fait de sa famille des "harkis". Un roman magistral sur la quête de l'histoire familiale. Le destin entre la France et l'Algérie, des générations successives d'une famille prisonnière d'un passé tenace...

Le Prix Médicis a été attribué le 9 novembre à Yannick Haenel pour son livre Tiens ferme ta couronne chez Gallimard. Le narrateur est un réalisateur au creux de la vague. Il rencontre à New York, Michael Cimino mais il va aussi croiser Isabelle Huppert, un dalmatien... Roman à l'imaginaire inventif et tout emprunt de délires poétiques et de vérités fulgurantes concernant la vie et la création littéraire...

Le Prix Fémina, décerné le 8 novembre à Philppe Jaenada pour La serpe chez Julliard. 1941 dans un château au fin fon du Périgord noir, trois meutres, un accusé présent sur le lieu des crimes, aucune effraction, un procès, un acquittement, une affaire non élucidée... Le décor est planté et l'auteur s'empare de ce fait divers, fouille les archives, refait l'enquête, disséque chaque moment du crime et du procès. Jusqu'au bout avec minutie, il emmène son lecteur dans cette enquête foisonnante et passionnante...

Le Prix de Flore décerné le 22 novembre à Pierre Ducrozet pour L'invention des corps chez Actes Sud. Un roman au rythme soutenu qui mêle avec brio le monde d'Internet, celui des hackers et le transhumanisme...


Le Prix du roman francophone de la Médiathèque d'Arcueil n'est pas en reste, lecteurs et bibliothécaires s'associent de nouveau cette année 2018, pour décerner le Prix du Roman à l'auteur qui aura su générer de l'émotion, qui aura su transporter son lecteur vers un ailleurs, qui l'aura bousculé, qui aura su lui procurer un sentiment d'évasion... L'histoire peut faire écho sur la marche de notre société, il est nécessaire de relier littérature et société et de pouvoir en débattre...
Le jury délibérera le 13 juin 2018 pour attribuer le Prix du Roman de la Médiathèque d'Arcueil à l'auteur et son livre qui représentera le mieux les attentes nos chers lecteurs.

En début de soirée, le 23 janvier 2018, les membres du jury ont sélectionné 10 titres. Polars, romans historiques, fable urbaine, roman avec un regard tendre, émouvant mais aussi parfois acerbe et cynique sur les travers humains et ceux qui composent notre société...

La sélection du jury :

Quand sort la recluse de Fred Vargas
Le petit garçon sur la plage de Pierre Demarty
Bakhita de Véronique Olmi
La vie automatique de Christian Oster
Mercy Mary Patty de Lola Lafon
Les rumeurs du Mississippi de Louise Caron
Denise au Ventoux de Michel Jullien
Article 353 du Code Pénal de Tanguy Viel
Un certain Mr Piekielny de François-Henri Désérable
On ne dormira jamais de Bruce Bégout

J'oubliais !
Nos rendez-vous ont lieu un mardi par mois en soirée.
Durant nos séances de discusssions, un seul mot d'ordre : convivialité, droit à la parole, partage du goût de la lecture et plaisir d'être ensemble pour en débattre ! Café, thé et délicieux gâteaux maison sont à l'honneur de nos rencontres !




Prix du roman 2017

2 lauréats ex aequo :
Natacha Appanah pour Tropique de la violence
Jean Baptiste Del Amo pour Règne animal

Nathacha Appanah est née le 24 mai 1973 à Mahébourg; elle passe les cinq premières années de son enfance dans le Nord de l'île Maurice, à Piton. Elle descend d'une famille d'engagés indiens de la fin du XIXe siècle, les Pathareddy-Appanah.
Après de premiers essais littéraires à l'île Maurice, elle vient s'installer en France fin 1998, à Grenoble, puis à Lyon, où elle termine sa formation dans le domaine du journalisme et de l'édition. C'est alors qu'elle écrit son premier roman, "Les Rochers de Poudre d'Or", précisément sur l'histoire des engagés indiens, qui lui vaut le prix RFO du Livre 2003.


Nathacha Appanah :
« Sur l’île Maurice, il y a une vraie dynamique littéraire »
L’écrivaine mauricienne décrit dans « Tropique de la violence », sélectionné pour les prix Goncourt et Médicis, l’univers ultra violent des adolescents de Mayotte.
Le sixième roman de la Mauricienne Nathacha Appanah a pour décor l’île de Mayotte. Loin de l’image du paradis tropical, il nous plonge dans l’univers sordide et ultra violent des adolescents de Gaza, un bidonville proche de Mamoudzou, la plus grande ville du 101e département français. Dans Tropique de la violence (éd. Gallimard), l’écrivaine raconte l’histoire de Moïse, un enfant de quelques jours arrivé sur l’île à bord d’un « kwassa sanitaire », un canot de pêche utilisé par les migrants qui font la traversée depuis les Comores, puis abandonné par sa mère à cause de ses yeux vairons. Dans ce roman rude, écrit avec force et réalisme, plusieurs destins vont se croiser et se répondre comme dans une polyphonie. L’ouvrage figure dans la première sélection des prix Goncourt et Médicis.


Comment avez-vous approché l’univers que vous décrivez dans « Tropique de la violence » ?
Nathacha Appanah : J’ai vécu à Mayotte de 2008 à 2010. J’y suis arrivée de façon naïve, en suivant mon époux, qui était muté là-bas. Je pensais que ça allait être formidable et me disais que ma fille allait vivre la même enfance îlienne et tropicale que moi. Puis, très vite, je me suis rendu compte que c’était une île qui ne se laisserait pas appréhender aussi rapidement, et que j’étais pétrie de clichés sur elle. Mayotte est assez étrange et provoque chez certains le « syndrome de l’Inde » [un trouble psychique ayant pour cause le choc des cultures], tel que le décrit le psychiatre Régis Airault. J’ai réalisé après mon retour que j’en parlais constamment, car je gardais un très grand attachement pour ce pays.
J’y suis retournée l’année dernière avec un carnet et un crayon. Je voulais regarder et valider un imaginaire. J’avais déjà écrit la moitié du livre et voulais valider des bruits, un parfum, des sensations. Le bidonville que je décris existe vraiment. Un ami mahorais m’a dit : « Mais pourquoi tu as donné à ce bidonville le nom de Gaza ? » Simplement parce que c’est son nom. Je me devais d’y entrer. Ma couleur m’a aidée mais aussi le fait que je veuille écrire un livre. Les jeunes ont accepté la simplicité de ma démarche comme une preuve de bonne foi.


Avez-vous rencontré des « Moïse » ou des « Bruce », ces jeunes dont vous racontez le parcours ?
A côté de la maison où j’ai vécu lors de mon premier séjour, il y avait une aire de jeux sur un terrain vague. Un matin, j’ai vu des jeunes dormir sur des matelas posés sur une table de ping-pong. C’était alors comme si cette île pleine d’enfants qu’est Mayotte se confrontait avec une réalité. Des amis m’ont expliqué que les parents de ces enfants étaient arrivés clandestinement sur l’île française, depuis les autres îles des Comores, Anjouan ou Mohéli. Quand ils se faisaient arrêter par la police, ils déclaraient ne pas avoir d’enfants pour éviter que ceux-ci soient expulsés.
Dès 2009, des amis m’ont dit : « L’île va devenir une poudrière car il n’y a aucune structure pour eux et, quand ils seront ados, ça va être un problème. » Ce qui effrayant, c’est que des voix se sont élevées pour prévenir du risque. Dès 2010-2011, il y a eu des missions et des rapports officiels sur les mineurs isolés.


On sent une vraie intensité dans cette rencontre avec Mayotte et le besoin d’y revenir. Peut-on dire que Mayotte est un fantôme qui vous poursuit ?
Absolument. Ce que j’ai découvert pendant mon dernier séjour, c’est que la présence des fantômes à Mayotte est extrêmement palpable, c’est-à-dire que la mémoire de toutes ces personnes qui meurent dans le lagon, ou arrivent mourantes puisque il y a des kwassa sanitaires avec des grands blessés, des grands brûlés, passe sur cette terre. Je l’ai remarqué l’année dernière et c’est pour cela que deux de mes personnages sont… morts.
Quand je suis rentrée en France, j’ai complètement cassé la forme du roman. Il n’y avait qu’une seule voix dans sa forme initiale. J’ai pensé qu’il fallait donner à voir la complexité des destins, des ambitions, des situations, mais aussi la complexité de la réponse humaine. Tous les personnages du livre sont aux prises avec cette île et y répondent différemment. Cela m’a confortée d’écrire un texte où tout le maquillage stylistique n’existe pas, où il n’y a pas d’atours. J’ai alors pensé que j’étais dans le vrai.


Vous dites parfois que la peinture vous aide pour écrire. Est-ce que cela a été le cas pour ce livre ? On ne peut pas faire autrement que d’y penser, parce que c’est une île extrêmement poétique avec des accords de couleurs que l’on n’imaginerait pas, même dans le bidonville. On ne peut pas s’empêcher de penser à la peinture, mais aussi à la poésie. C’est une île qui dégage beaucoup de tendresse. Est-ce grâce à la résilience ? La beauté ? Mayotte offre l’un des plus beaux lagons du monde, un terrain de mangroves incroyable. C’est un îlot qui n’apparaît qu’à marée basse, comme un fantôme.

 
Aviez-vous une exigence politique en écrivant ce livre ?
Si la politique, c’est le quotidien des gens, le point de vue des non-puissants, alors oui, c’est un livre politique. Mais si la politique, c’est la théorie et les rapports, alors non. Mon ambition a toujours été de faire le livre le plus juste possible en étant au cœur des choses et que les personnages soient incarnés dans toute leur chair et leur complexité.
Mayotte est un concentré de toutes nos problématiques actuelles. C’est un cas d’école du déplacement des populations, des problèmes écologiques, de l’identité. Tout ce qui est au cœur même de notre monde actuel est aujourd’hui concentré sur cette petite terre.


Cette « petite terre » vous semble-t-elle oubliée ou abandonnée, si loin de Paris ?
Mayotte est isolée, mais l’Etat y est présent à travers l’école, l’hôpital… C’est sidérant : Mayotte est la première maternité de France [En 2015, 9 000 bébés sont nés dans le département, un record pour Mayotte, qui affiche une croissance démographique cinq fois plus importante que le reste de la France]. A l’école, les classes sont surchargées, mais il y a des proviseurs incroyables qui organisent un roulement des heures afin de donner des cours au plus grand nombre. Ce n’est pas une terre oubliée, mais, à l’heure de la crise financière, c’est une île où l’on colmate et où la coopération régionale est inexistante. L’attachement à la France y est immense.


Vous avez déclaré il y a quelques années que les auteurs mauriciens n’étaient pas toujours considérés sur leur île. Le déplorez-vous encore aujourd’hui ?
Il y a beaucoup plus d’auteurs aujourd’hui et je pense que les choses ont changé. Il y a énormément de jeunes qui écrivent de la poésie et, ce qui me réjouit, c’est que de nombreux Mauriciens écrivent en français, en anglais et en créole. Je trouve cela formidable, car ils jonglent avec les trois langues. Il y a aussi des auteurs qui écrivent en anglais et en tamoul et il y a une vraie dynamique mauricienne.
Mais quand j’ai dit à Maurice que j’écrivais sur Mayotte, on m’a parfois dit une phrase toute bête : « Ah, tu retournes dans l’océan Indien », comme si c’était bien de revenir au tiroir dans lequel on m’avait rangée. C’est comme si je n’étais pas légitime pour parler d’autre chose, mais que je le suis pour parler de l’océan Indien. Et, à Mayotte, on m’a aussi bien fait comprendre que je n’étais pas mahoraise, mais mauricienne.

Propos recueillis par Gladys Marivat et Pierre Lepidi du journal LE MONDE

 
Jean-Baptiste Del Amo :
De son vrai nom Jean-Baptiste Garcia, est un écrivain français, né à Toulouse le 25 novembre 1981, vivant à Montpellier. Le nom Del Amo est celui de sa grand-mère, l’auteur ayant été encouragé à changer de nom par son éditeur, Gallimard publiant au même moment un roman d’un autre auteur originaire de Toulouse et portant le même nom (Tristan Garcia, La meilleure part des hommes). En 2006, il reçoit le Prix du jeune écrivain pour sa nouvelle Ne rien faire, écrite à partir de son expérience de quelques mois au sein d’une association de lutte contre le VIH en Afrique.
Ce texte court, qui se déroule en Afrique le jour de la mort d’un nourrisson, est une fiction autour du silence, du non-dit et de l’apparente inaction. Fin août 2008, son premier roman, Une Éducation libertine, paraît dans la Collection Blanche chez Gallimard. Il est favorablement accueilli par la critique et reçoit le Prix Laurent-Bonelli Virgin-Lire, fin septembre 2008. L’auteur ramène sa technique à celle de Gustave Flaubert, relisant à haute voix ses phrases pour les affiner. C’est encore Flaubert et L’Éducation sentimentale qu’évoque le titre de ce premier roman, pourtant initialement intitulé Fressures. En mars 2009, Jean-Baptiste Del Amo se voit finalement attribuer la Bourse Goncourt du premier roman, à l’unanimité dès le premier tour de scrutin.
 

Le 25 juin 2009, c’est au tour de l’Académie française de lui décerner le prix François Mauriac. Ont suivi Sel en 2010 et Pornographia en 2013,
Règne animal est son quatrième roman.


Une fresque puissante, où le sort d'une famille d'éleveurs reflète la violence qui imprègne nos vies.
Le texte court au ras des corps, tragique et halluciné, âpre et lyrique tout à la fois, radical et violent jusqu'au malaise. Corps au travail, harassés, malmenés, cabossés. Corps blessés, « suintant et dégorgeant le sang, le pus et la glaire ». Corps jouissant, en quelques gestes heurtés, rapidement emportés en un dernier spasme « qui pourrait être celui d'une agonie ». Organique, vibrant, Règne animal fouille les entrailles d'une famille d'éleveurs du Gers, minuscules paysans devenus entrepreneurs, propriétaires d'un élevage industriel de porcs où les truies allaitantes, entravées par des sangles et des barres de métal, survivent sur des plaques de fibrociment.
La fresque s'étend sur le xxe siècle, prend sa source dans la nuit d'une petite exploitation familiale où les protagonistes n'ont pas encore de nom, juste « le père » ou « la génitrice », victimes d'un destin qu'ils n'ont pas choisi, collés au bétail et à la terre où s'infiltrent le sang des bêtes et la sueur des hommes.
A cette violence archaïque s'ajoute bientôt celle de la grande boucherie de la guerre de 14, avant que le récit ne passe brutalement à 1981, année de naissance de l'auteur, quand les porcs sont devenus des machines high-tech, la ferme une usine à viande et les hommes des esclaves de la course au rendement. Le texte court, sans fléchir jamais, fascinant de noirceur, s'attache aux détails, traque les gestes et les regards, précis jusqu'à l'hyperréalisme. Il dit les odeurs et les humeurs, les suintements, la sueur et le sang et le foutre et la merde, le martyre des animaux et la souffrance des hommes. Jean-¬Baptiste Del Amo, inspiré et engagé, explore avec une singulière puissance la violence faite aux animaux, s'interroge sur la transmission de cette brutalité d'une génération à l'autre, et pose in fine la question de notre humanité. Ce quatrième roman est sans doute son meilleur.

Michel Abescat du magazine Télérama

 

Quatre scrutins pour dix livres

Cette séance du 24 janvier est attendue par les membres du jury car elle valide nos découvertes, nos choix des lectures suivies par le groupe depuis le mois de septembre.  C’est une période dense et riche à la fois car elle nous oblige à mener notre propre comité de lecture et c’est en fin de compte un important travail de débroussaillage.
En effet, ce soir nous votons pour les 10 titres qui vont être en lice et qui alimenteront nos prochaines séances de discussions.  Mais avant cela, il nous reste encore à revisiter la grille des « livres toujours en lecture » car certains d’entre nous doivent encore donner un ultime avis sur quelques titres.
C’est pourquoi, il va y avoir à nouveau du mouvement : 5 nouveaux titres vont être sélectionnés, ce qui nous fournira un panel plus riche de livres à choisir.

Voici les titres qui s'ajoutent à la sélection :
L’arbre du pays de Toraja de Philippe Claudel
L’autre qu’on adorait de Catherine Cusset
Désorientale de Negar Djavadi
L’enfant qui mesurait le monde de Metin Arditi
Bondrée de Andrée A. Michaud

Et, faute de lectures supplémentaires et d’avis positifs, ceux qui sont été écartés :
Un soir à Sanary de Michèle Kahn
En douce de Marin Ledun
La montagne rouge d’Olivier Truc

À ce stade, rien n'a encore vraiment commencé. Les membres du jury viennent de présélectionner  22 titres et  vont maintenant choisir 10 romans parmi la liste suivante. Kannjawou de Lionel Trouillot (Actes Sud) Mémoire de fille de Annie Ernaux (Gallimard) 3 jours et une vie de Pierre Lemaître (Albin Michel)
Rien ne se perd de Cloé Mehdi (Jigal Polar)
Le grand marin de Catherine Poulain (Editions de l'Olivier)
Le mystère Henri Pick de David Foenkinos (Gallimard)
Un dangereux plaisir de François Vallejo (Viviane Hamy)
Envoyée spéciale de Jean Echenoz (Minuit)
California Girls de Simon Liberati (Grasset)
Tropique de la violence de Natacha Appanah (Gallimard)
Règne animal de Jean Baptiste Del Amo (Gallimard)
Rose minuit de Marina de Van (Allia)
Marcher droit, tourner en rond de Emmanuel Venet (Verdier)
Celle que vous croyez de Camille  Laurens (Celle que vous croyez)
Des chauves souris, des singes et des hommes de Paule Constant (Gallimard)
Continuer de Laurent Mauvignier (Minuit)
Un hiver avec le diable de Michel Quint (Presses de la Cité)
L’arbre du pays Toraja de Philippe Claudel (Stock)
L’autre qu’on adorait de Catherine Cusset (Gallimard)
Désorientale de  Negar Djavadi (Liana Levi)
L’enfant qui mesurait le monde de Metin Arditi (Grasset)
Bondree Andrée A. Michaud (Rivages)

 Maintenant que les votes commencent !!

Au premier tour, les titres qui ont obtenus entre 4 et 6 voix sont automatiquement sélectionnés :
6 voix :
Bondrée de Andrée A. Michaud
5 voix :
Des chauves-souris, des singes et des hommes de Paule Constant
Un dangereux plaisir de François Vallejo
Règne animal de Jean-Baptiste Del Amo
4 voix :
Tropique de la violence de Natacha Appanah
Continuer de Laurent Mauvignier

Ce premier tour met aussi en évidence les titres qui sont éliminés car n’ayant récoltés aucune voix (kannjawou) ou une seule (Rose minuit et L’arbre du pays de Toraja).

Il nous reste encore à choisir 4 titres pour le deuxième tour mais les votes sont serrés et rien ne s'en échappe vraiment.
Le dépouillement met quand même en lumière un titre qui est retenu avec 4 voix :
Un hiver avec le diable de Michel Quint

Sont éliminés :
Rien ne se perd de Cloé Mehdi
California Girls de Simon Liberati
L’enfant qui mesurait le monde de Metin Arditi
Ces titres n'ont pas obtenu de voix suffisantes pour continuer à être dans la course
Il nous reste encore 3 titres à choisir, les votes sont serrés et nous n’arrivons toujours pas à nous départager. 
À ce stade du scrutin, voici les titres qui restent encore en lice

Mémoire de fille   
3 jours et une vie   
Le grand marin  
Le mystère Henri Pick 
Envoyée spéciale 
Marcher droit, tourner en rond 
Celle que vous croyez 
L’autre qu’on adorait  
Désorientale 

Il parait évident qu'un 3ème tour est donc nécessaire pour que l’on se détermine dans nos choix. 
Mais les choses avancent encore timidement puisque ne sont retenus que deux titres avec 4 voix chacun : 
Le mystère Henri Pick de David Foenkinos 
Marcher droit, tourner en rond d’Emmanuel Venet    

Mémoire de fille d' Annie Ernaux, L’autre qu’on adorait de Catherine Cusset, Désorientale de Negar Djavadi ont chacun obtenu trois voix. 

Toujours pas de départage évident ! Quel suspens !! Il ne nous reste pourtant qu’un livre à élire.   

Allez, c’est reparti pour un quatrième et dernier tour !! 

Désorientale de Negar Djavadi sera le livre de la fin !!!  Avec trois voix contre deux pour Mémoire de fille et L'autre qu'on adorait.
Les membres du jury ont voté 
  
Voici la liste complète et définitive des dix romans en lice qui vont nous accompagner tout au long de cette année littéraire… 

Le mystère Henri Pick de David Foenkinos (Gallimard)
Un dangereux plaisir de François Vallejo (Viviane Hamy)
Tropique de la violence de Natacha Appanah (Gallimard)
Règne animal de Jean Baptiste Del Amo (Gallimard)
Marcher droit, tourner en rond de Emmanuel Venet (Verdier)
Des chauves souris, des singes et des hommes de Paule Constant (Gallimard)
Continuer de Laurent Mauvignier (Minuit)
Un hiver avec le diable de Michel Quint (Presses de la Cité)
Désorientale de  Negar Djavadi (Liana Levi)
Bondree Andrée A. Michaud (Rivages)

Voilà, cette soirée aura été riche en émotions, en rebondissements puisqu’il nous aura fallu 4 scrutins pour choisir les dix titres mais au final, ce choix est plutôt intéressant, éclectique, abordable mais aussi exigeant… Cela promet des moments d’échanges vivants et dynamiques que nous aurons plaisir à avoir ensemble. Nous y avons mis tous une part de nous même, ces livres nous représentent tous un peu à leur manière.  

Prix du Roman 2017 : L’avant dernière sélection de livres encore en piste


La sélection des 10 livres en lice

Ce mois de Janvier est décisif pour les membres du Prix du Roman 2016 car, le 24, nous allons être amenés à choisir 10 titres parmi la sélection déjà existante de 25 titres.
Lecteurs et bibliothécaires vous promettent des moments riches en débats et échanges littéraires ...
Bonnes lectures à toues et à tous.

4 nouveaux titres ont été sélectionnés et qui s'ajoutent aux précédents
Celle que vous croyez de Camille Laurens,
Des chauves souris des singes et des hommes de Paule Constant,
Continuer de Laurent Mauvignier,
L’hiver avec le diable de Michel Quint.
Donc nous avons 17 livres sélectionnés à ce jour…
Et une nouvelle et dernière proposition de lecture a été faite :
Bondree de Andrée A.

Les sélectionnés


  • Kannjawou : Trouillot, Lionel
  • Mémoire de fille : Ernaux, Annie
  • 3 jours et une vie : Lemaître, Pierre
  • Rien ne se perd : Mehdi, Cloé
  • Le grand marin : Poulain, Catherine
  • Le mystère Henri Pick : Foenkinos, David
  • Un dangereux plaisir : Vallejo, François
  • Envoyée spéciale : Echenoz, Jean
  • California Girls : Liberati, Simon
  • Tropique de la violence : Appanah, Natacha
  • Règne animal : Del Amo, Jean Baptiste
  • Rose minuit : Van, Marina de
  • Marcher droit, tourner en rond : Venet, Emmanuel
  • Celle que vous croyez : Laurens, Camille
  • Des chauves souris, des singes et des hommes : Constant, Paule
  • Continuer : Mauvignier, Laurent
  • Un hiver avec le diable : Quint, Michel

Toujours en lecture

Un soir à Sanary : Kahn, Michèle
L’arbre du pays Toraja : Claudel, Philippe
L'autre qu'on adorait : Cusset, Catherine
En douce : Ledun, Marin
Désorientale : Djavadi, Negar
L’enfant qui mesurait le monde : Arditi, Metin
La montagne rouge : Truc, Olivier

Nouvelle proposition

Bondree : Michaud, Andrée A.

Kannjawwou de Lionel Trouillot
Cinq jeunes gens à l'orée de l'âge adulte rêvent en vain d'avenir dans le misérable quartier de la rue de l'Enterrement, proche du grand cimetière où même les morts doivent lutter pour se trouver une place. Confrontés à la violence des rapports sociaux et aux dégâts causés par des décennies d'occupation militaro-humanitaire dans leur pays placé sous contrôle de la communauté internationale, ils n'ont pour viatique que le fantasme d'improbables révolutions, les enseignements du "petit professeur" et de sa vaste bibliothèque, ou les injonctions de man Jeanne, farouche gardienne des règles d'humanité élémentaires - règles que bafouent allègrement les nantis et les représentants interchangeables des ONG planétaires. Ces derniers, le soir venu, aiment à s'encanailler au "Kannjawou", un bar local aussi pittoresque qu'authentique aux yeux de visiteurs décomplexés et surentraînés à détourner résolument le regard de l'enfer ordinaire que vit un peuple simplement occupé à ne pas mourir. Dans la culture populaire d'Haïti, le mot kannjawou désigne, à l'origine, la fête, le partage. Mais à quelles réjouissances songer quand la souffrance, qui fait vieillir trop vite, accule à la résignation jusqu'à détruire la solidarité des communautés premières ? En convoquant avec éclat la dimension combative dont toute son œuvre porte la trace ardente, Lyonel Trouillot met ici en scène la tragédie d'un pays qui, sous la férule d'enjeux qui ne sont pas les siens, pris en otage par les inégalités, les jeux de pouvoir et la précarité, dérive dans sa propre histoire, privé de tout projet collectif rédempteur.

Mémoire de fille de Annie Ernaux
«J’ai voulu l’oublier cette fille. L’oublier vraiment, c’est-à-dire ne plus avoir envie d’écrire sur elle. Ne plus penser que je dois écrire sur elle, son désir, sa folie, son idiotie et son orgueil, sa faim et son sang tari. Je n’y suis jamais parvenue». Dans Mémoire de fille, Annie Ernaux replonge dans l’été 1958, celui de sa première nuit avec un homme, à la colonie de S dans l’Orne. Nuit dont l’onde de choc s’est propagée violemment dans son corps et sur son existence durant deux années. S’appuyant sur des images indélébiles de sa mémoire, des photos et des lettres écrites à ses amies, elle interroge cette fille qu’elle a été dans un va-et-vient implacable entre hier et aujourd’hui…




3 jours et une vie de Pierre Lemaître
« À la fin de décembre 1999, une surprenante série d'événements tragiques s'abattit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt.
Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir.
Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien... »






Rien ne se perd de Cloé Mehdi
Une petite ville semblable à tant d'autres... Et puis un jour, la bavure... Un contrôle d'identité qui dégénère... Il s'appelait Saïd. Il avait quinze ans. Et il est mort... Moi, Mattia, onze ans, je ne l'ai pas connu, mais après, j'ai vu la haine, la tristesse et la folie ronger ma famille jusqu'à la dislocation... Plus tard, alors que d'étranges individus qui ressemblent à des flics rôdent autour de moi, j'ai reconnu son visage tagué sur les murs du quartier. Des tags à la peinture rouge, accompagnés de mots réclamant justice ! C'est à ce moment-là que pour faire exploser le silence, les gens du quartier vont s'en mêler, les mères, les s urs, les amis... Alors moi, Mattia, onze ans, je ramasse les pièces du puzzle, j'essaie de comprendre et je vois que même mort, le passé n'est jamais vraiment enterré ! Et personne n'a dit que c'était juste... Poignant, dérangeant, ultra sensible, glaçant…

Le grand marin de Catherine Poulin
Quand Lili Colt arrive à Kodiak, un port de l'Alaska, elle sait qu'elle va enfin réaliser son rêve : s'embarquer sur un de ces bateaux qui partent pêcher au loin. Pour la jeune femme, une runaway qui a fui jadis le confort d'une famille française pour " faire la route ", la véritable aventure commence. Le choc est brutal. Il lui faut dormir à même le pont dans le froid insupportable, l'humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, les blessures...Seule femme au milieu de ces hommes rudes, au verbe rare et au geste précis qui finiront par l'adopter. A terre, Lili partage la vie des marins -les bars, les clubs de strip-tease, les motels miteux. Quand elle tombe amoureuse du " Grand marin ", elle sait qu'il lui faudra choisir entre sa propre liberté et son attirance pour cet homme dont la fragilité la bouleverse.

Le mystère Henri Pick de David Foenkinos
En Bretagne, un bibliothécaire décide de recueillir tous les livres refusés par les éditeurs. Ainsi, il reçoit toutes sortes de manuscrits. Parmi ceux-ci, une jeune éditrice découvre ce qu’elle estime être un chef-d’œuvre, écrit par un certain Henri Pick. Elle part à la recherche de l’écrivain et apprend qu’il est mort deux ans auparavant. Selon sa veuve, il n’a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses... Aurait-il eu une vie secrète? Auréolé de ce mystère, le livre de Pick va devenir un grand succès et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire. Il va également changer le destin de nombreuses personnes, notamment celui de Jean-Michel Rouche, un journaliste obstiné qui doute de la version officielle. Et si toute cette publication n’était qu’une machination?



Un dangereux plaisir de François Vallejo
En dépit de la nourriture infâme que ses parents lui impose et qu'il rejette, Elie Elian s'attarde à l'arrière du restaurant qui vient de s'ouvrir dans leur quartier. Les gestes qu'il observe et les effluves qu'il inhale sont une révélation. La découverte des saveurs d'une tarte aux fraises offerte par une voisine achève de le décider : il sera cuisinier. Dans un premier temps, il offrira son inventivité aux oiseaux et aux errants avant d'oser proposer ses services dans divers établissements. Là, tout en récurant verres et casseroles, il ne cessera d'étudier et d'apprendre avec les yeux. Mais à force de casser la vaisselle, Elie est renvoyé à la rue, où il côtoie alors des individus louches, prêts à tout pour s'en mettre plein la panse et qui tenteront de lui enseigner les principes de la grivèlerie. Sa première tentative dans un restaurant modeste lui vaudra la rencontre de sa vie…

Envoyée spéciale de Jean Echenoz
Constance étant oisive, on va lui trouver de quoi s'occuper. Des bords de Seine aux rives de la mer Jaune, en passant par les fins fonds de la Creuse, rien ne devrait l'empêcher d'accomplir sa mission. Seul problème : le personnel chargé de son encadrement n'est pas toujours très bien organisé.











California Girl de Simon Liberati
« En 1969, j’avais neuf ans. La famille Manson est entrée avec fracas dans mon imaginaire.  J’ai grandi avec l’image de trois filles de 20 ans  défiant les tribunaux américains, une croix sanglante gravée sur le front. Des droguées… voilà ce qu’on disait d’elles, des droguées qui avaient commis des crimes monstrueux sous l’emprise d’un gourou qu’elles prenaient pour Jésus-Christ. Plus tard, j’ai écrit cette histoire le plus simplement possible pour exorciser mes terreurs enfantines et j’ai revécu seconde par seconde le martyr de Sharon Tate. »
Los Angeles, 8 août 1969 : Charles Manson, dit Charlie, fanatise une bande de hippies, improbable « famille » que soudent drogue, sexe, rock’n roll et vénération fanatique envers le gourou. Téléguidés par Manson, trois filles et un garçon sont chargés d’une attaque, la première du grand chambardement qui sauvera le monde. La nuit même, sur les hauteurs de Los Angeles, les zombies défoncés tuent cinq fois. La sublime Sharon Tate, épouse de Roman Polanski enceinte de huit mois, est laissée pour morte après seize coups de baïonnette. Une des filles, Susan, dite Sadie, inscrit avec le sang de la star le mot PIG sur le mur de la villa avant de rejoindre le ranch qui abrite la Famille.
Au petit matin, le pays pétrifié découvre la scène sanglante sur ses écrans de télévision. Associées en un flash ultra violent, l’utopie hippie et l’opulence hollywoodienne s’anéantissent en un morbide reflet de l’Amérique. Crime crapuleux, vengeance d’un rocker raté, satanisme, combinaisons politiques, Black Panthers… Le crime garde une part de mystère. En trois actes d’un hyper réalisme halluciné, Simon Liberati accompagne au plus près les California girls et peint en western psychédélique un des faits divers les plus fantasmés des cinquante dernières années. Ces 36 heures signent la fin de l’innocence.

Tropique de la violence de Natacha Appanah
Il y a une immigration constante et tragique dont la presse française ne parle pas. Elle se déroule dans un coin de France oublié de tous, cette ancienne île aux parfums devenue peu à peu un lieu cauchemardesque : Mayotte. C'est là que Nathacha Appanah situe son roman : l'histoire de Moïse, enfant de migrant rejeté par sa mère parce que ses yeux vairons sont signe de malheur. Recueilli et élevé avec amour par Marie, une infirmière, Moïse se révolte quand il apprend la vérité sur ses origines et décroche de l'école. A la mort brutale de Marie, il tombe sous la coupe de Bruce et de sa bande de voyous, issus du ghetto de Mayotte. Il a 15 ans, se drogue, vole et se bat. Humilié, violé par Bruce, il le tue. Pour échapper à la vengeance des amis de Bruce, Moïse se jette dans l'océan au cours de son transfert au tribunal.

Règne animal de Jean Baptiste Del Amo
Au cours du XXe siècle, Règne animal retrace, en deux époques, l'histoire d'une exploitation familiale vouée à devenir un élevage porcin. Dans cet environnement dominé par l'omniprésence des animaux, cinq générations traversent le cataclysme d'une guerre, les désastres économiques et le surgissement de la violence industrielle, reflet d'une violence ancestrale. Seuls territoires d'enchantement, l'enfance, celle d'Eléonore, la matriarche, celle de Jérôme, le dernier de la lignée et l'incorruptible liberté des bêtes, parviendront-elles à former un rempart contre la folie des hommes ? Règne animal est un grand roman sur la dérive d'une humanité acharnée à dominer la nature, et qui dans ce combat sans pitié révèle toute sa sauvagerie et toute sa misère. "Des images lui reviennent, surgies d'une mémoire atavique : des plaines fourragères et sauvages, des souilles établies dans les fougères, au coeur de forêts primitives, des rivières indomptables aux flots desquelles il s'abreuve, des meutes de loups qui menacent, une harde innombrable, dont il fait partie, et avec laquelle il chemine. Puis, se superposent les voix des hommes, les encouragements et les cris, les coups assenés sur le groin, dans les flancs, sur la croupe, leurs mains qui l'empoignent par l'oreille et la tordent, leurs mains qui déversent la nourriture dans l'auge, leurs mains qui font couler l'eau, leurs mains qui le guident vers la truie immobile, saisissent son sexe qui tâtonne et le guident. Enfin, le visage ovale et redoutable des hommes qui se penchent par-dessus les barrières des enclos et décident du jour et de la nuit".

Rose Minuit de Marina De Van
Dans ce thriller psychologique, Marina de Van s'attaque à un thème ambitieux : la haine d'un père pour sa fille. Elle dissèque la déchirure, sans jamais la colmater... L'homme de 75 ans a coupé les ponts avec sa fille, à qui il reproche la mort de sa femme. Lorsqu'elle lui rend visite à l'hôpital, ce séducteur prétend ne pas la connaître, la juge laide. Elle revient le lendemain, vêtue de façon affriolante. Il désire qu'elle lui relate sa vie sexuelle. Mais sa fille n'a eu que peu d'amants. Elle revient le lendemain : elle a bu la veille et vendu son corps à des inconnus… Dégoûtée par cette nuit, elle annonce qu'elle ne reviendra pas. Le père savoure la honte qui s'empare d'elle. Son état cependant se dégrade. Il fait rappeler sa fille... et lui relate à son tour sa vie sexuelle.




Marcher droit et tourner en rond de Emmanuel Venet
Atteint du syndrome d'Asperger, l'homme qui se livre ici aime la vérité, la transparence, le scrabble, la logique, les catastrophes aériennes et Sophie Sylvestre, une camarade de lycée jamais revue depuis trente ans. Farouche ennemi des compromis dont s'accommode la socialité ordinaire, il souffre, aux funérailles de sa grand-mère, d'entendre l'officiante exagérer les vertus de la défunte. Parallèlement, il rêve de vivre avec Sophie Sylvestre un amour sans nuages ni faux-semblants, et d'écrire un Traité de criminologie domestique. Par chance, il aime aussi la solitude.






Celle que vous croyez de Camille Laurens
Vous vous appelez Claire, vous avez quarante-huit ans, vous êtes professeur, divorcée. Pour surveiller Jo, votre amant volage, vous créez un faux profil Facebook : vous devenez une jeune femme brune de vingt-quatre ans, célibataire, et cette photo où vous êtes si belle n'est pas la vôtre, hélas. C'est pourtant de ce double fictif que Christophe -pseudo KissChris - va tomber amoureux. En un vertigineux jeu de miroirs entre réel et virtuel, Camille Laurens raconte les dangereuses liaisons d'une femme qui ne veut pas renoncer au désir.







Des chauves-souris, des singes et des hommes de Paule Constant
Paule Constant revient à l'Afrique, terreau de son oeuvre romanesque depuis Ouregano publié en 1980. Une petite fille, Olympe, veut courir avec les garçons du village qui la sèment près de la forêt. Elle découvre au pied d'un manguier une chauve-souris qu'elle emporte avec elle. Chez les Boutouls, société de guerriers et de chasseurs, les garçons rapportent le cadavre d'un énorme gorille qu'ils prétendent avoir tué. Transportée au village, la bête est dépecée et cuisinée, et tous les voisins sont invités à prendre part au festin. Agrippine arrive de Belgique pour organiser des vaccinations dans la brousse. Elle rejoint une Mission où l'attendent une quinzaine de religieuses qui soignent la population. Le Docteur Désir, avec qui elle partage une pirogue, va de village en village pour vendre des colifichets. Il troque sa marchandise contre la peau du gorille. Virgile, jeune ethnologue en tournée scientifique pour étudier le réveil des maladies endémiques causées par les plantations d'hévéas, s'arrête à la Mission. Agrippine et Virgile diffèrent dans leurs hypothèses sur la propagation des maladies. Au dispensaire se présentent des villageois, car une étrange épidémie commence à décimer le village. Olympe, qu'on désigne comme ayant le mauvais oeil, est battue et abandonnée au bord du fleuve. Débarque alors une petite équipe de chercheurs en primatologie qui redescendent de la Montagne des singes. Soudain le lecteur comprend que l'histoire se passe au bord de la rivière Ebola et que s'est mis en marche le processus implacable de la diffusion d'une épidémie terrifiante. On est alors à la fin d'une histoire racontée avec maestria. On ne l'oubliera pas de sitôt.

Continuer de Laurent Mauvignier
Sibylle, à qui la jeunesse promettait un avenir brillant, a vu sa vie se défaire sous ses yeux. Comment en est-elle arrivée là ? Comment a-t-elle pu laisser passer sa vie sans elle ? Si elle pense avoir tout raté jusqu'à aujourd'hui, elle est décidée à empêcher son fils, Samuel, de sombrer sans rien tenter. Elle a ce projet fou de partir plusieurs mois avec lui à cheval dans les montagnes du Kirghizistan, afin de sauver ce fils qu'elle perd chaque jour davantage, et pour retrouver, peut-être, le fil de sa propre histoire.







Un hiver dans la bouche de Michel Quint
Hiver 1953. Hortense Weber, jeune Alsacienne célibataire venue occuper un poste d'institutrice à Equignies, bourg de l'agglomération lilloise, accouche d'un petit garçon. A la maternité , elle rencontre Robert Duvinage, qui pratique, entre autres, l'escroquerie photographique du " bébé du mois ". Parce qu'elle le perce à jour sans le dénoncer, parce qu'il sent la jeune femme porteuse d'un secret, s'installe entre eux une relation d'affection méfiante. Robert suspend un temps ses activités pour faire le commis dans le bistrot-épicerie du maire communiste d'Erquignies et veiller sur Hortense malgré elle. La guerre d'Indochine bat son plein et divise la population, la guerre froide est vécue au quotidien... Les dissensions sont exacerbées par le procès à Bordeaux des nazis qui ont massacré les habitants d'Oradour en 1944. Parmi les accusés, treize malgré-nous, dont un engagé volontaire, alsacien. A Erquignies, on se déchire avec autant de violence que dans toute la France : responsabilité collective ou individuelle dans un crime contre l'humanité ? Peut-être en raison de ses origines, de son homonymie avec un des accusés, de son statut de fille-mère, Hortense est montrée du doigt. En même temps, ce climat ravive les plaies de la Libération, notamment l'affaire du réseau Voix du Nord, du nom du journal issu de la Résistance et de l'épuration...

Un soir à Sanary de Michèle Kahn
A Cologne, scène mondiale de l'art moderne, dans les années 30, le jeune critique d'art Max Hoka épouse Rosa, une femme rayonnante, et croit trouver le bonheur... lorsque les nazis s'emparent de l'Allemagne. Opposants, Max et Rosa doivent s'enfuir. Après une halte à Paris, ils s'établissent à Sanary-sur-Mer, petit port de pêche varois surnommé " Montparnasse-sur-Mer " ou " capitale de la littérature allemande " depuis que tant d'artistes allemands et autrichiens y ont déjà trouvé refuge, appréciant le charme et la sérénité d'un lieu où Thomas Mann, Bertolt Brecht et même le britannique Aldous Huxley ont imprimé leur marque. Mais la guerre qui éclate met vite un terme à ce séjour idyllique.



L'arbre du pays Toraja de Philippe Claudel
« Qu'est-ce que c'est les vivants ? À première vue, tout n'est qu'évidence. Être avec les vivants. Être dans la vie. Mais qu'est-ce que cela signifie, profondément, être vivant ? Quand je respire et marche, quand je mange, quand je rêve, suis-je pleinement vivant ? Quand je sens la chaleur douce d'Elena, suis-je davantage vivant ? Quel est le plus haut degré du vivant ? »
Un cinéaste au mitan de sa vie perd son meilleur ami et réfléchit sur la part que la mort occupe dans notre existence. Entre deux femmes magnifiques, entre le présent et le passé, dans la mémoire des visages aimés et la lumière des rencontres inattendues, L'Arbre du pays Toraja célèbre les promesses de la vie.




L'autre qu'on adorait de Catherine Cusset
"Quand tu penses à ce qui t'arrive, tu as l'impression de te retrouver en plein David Lynch. Blue Velvet, Twin Peaks. Une ville universitaire, le cadavre d'un garçon de vingt ans, la drogue, la police, une ravissante étudiante, une histoire d'amour entre elle et son professeur deux fois plus âgé : il y a toute la matière pour un scénario formidable. Ce n'est pas un film. C'est ta vie". L'autre qu'on adorait fait revivre Thomas, un homme d'une vitalité exubérante qui fut l'amant, puis le proche ami de la narratrice, et qui s'est suicidé à trente-neuf ans aux Etats-Unis. Ce douzième roman de Catherine Cusset, où l'on retrouve l'intensité psychologique, le style serré et le rythme rapide qui ont fait le succès du Problème avec Jane, de La haine de la famille et d'Un brillant avenir, déroule avec une rare empathie la mécanique implacable d'une descente.


En douce de Marin Ledun
Sud de la France. Un homme est enfermé dans un hangar isolé. Après l'avoir séduit, sa geôlière, Emilie, lui tire une balle à bout portant. Il peut hurler, elle vit dans son chenil, au milieu de nulle part. Elle lui apprend que cinq ans plus tôt, alors jeune infirmière, elle a été victime d'un chauffard. L'accident lui a coûté une jambe. Le destin s'acharne. La colère d'Emilie devient aussi puissante que sa soif de vengeance. En douce est un roman dévastateur, où l'injustice se heurte à la force de vie d'une héroïne lumineuse.







Désorientale de Negar Djavadi
La nuit, Kimiâ mixe du rock alternatif dans des concerts. Le jour, elle suit un protocole d'insémination artificielle pour avoir un enfant avec son amie Anna. Née à Téhéran en 1971, exilée en France dix ans plus tard, elle a toujours tenu à distance sa culture d'origine pour vivre libre. Mais dans la salle d'attente de l'unité de PMA de l'hôpital Cochin, d'un rendez-vous médical à l'autre, les djinns échappés du passé la rattrapent. Au fil de souvenirs entremêlés, dans une longue apostrophe au lecteur, elle déroule toute l'histoire de la famille Sadr. De ses pétulants ancêtres originaires du nord de la Perse jusqu'à ses parents, Darius et Sara, éternels opposants au régime en place ; celui du Shah jusqu'en 1979, puis celui de Khomeiny. Ce dernier épisode va les obliger à quitter définitivement l'Iran. La France vécue en exilés n'a rien à voir avec le pays mythifié par la bourgeoisie iranienne…


L'enfant qui mesurait le monde de Metin Arditi
À Kalamaki, île grecque dévastée par la crise, trois personnages vivent l’un près de l’autre, chacun perdu au fond de sa solitude. Le petit Yannis, muré dans son silence, mesure mille choses, compare les chiffres à ceux de la veille et calcule l’ordre du monde. Maraki, sa mère, se lève aux aurores et gagne sa vie en pêchant à la palangre. Eliot, architecte retraité qui a perdu sa fille, poursuit l’étude qu’elle avait entreprise, parcourt la Grèce à la recherche du Nombre d’Or, raconte à Yannis les grands mythes de l’Antiquité, la vie des dieux, leurs passions et leurs forfaits... Un projet d’hôtel va mettre la population en émoi. Ne vaudrait-il pas mieux construire une école, sorte de phalanstère qui réunirait de brillants sujets et les préparerait à diriger le monde ?
Lequel des deux projets l’emportera ?


La montagne rouge de Olivier Truc
Enclos de la Montagne rouge, sud de la Laponie. Sous une pluie torrentielle, les éleveurs procèdent à l'abattage annuel de leurs rennes. Mais dans la boue, on retrouve des ossements humains. Oui est ce mort dont la tête a disparu ? Son âge va le mettre au centre d'un procès exceptionnel qui oppose forestiers suédois et éleveurs lapons à la Cour suprême de Stockholm : à qui appartiennent les terres ? A ceux qui ont les papiers ou à ceux qui peuvent prouver leur présence originelle ? Klemet et Nina, de la police des rennes, sont chargés de l'enquête. Ils découvrent une mystérieuse vague de disparition d'ossements et de vestiges sami. Ils croisent des archéologues aux agendas obscurs, mais aussi Petrus, le chef sami à la poursuite des rêves de son père dans les forêts primaires de la Laponie, Bertil l'antiquaire, Justina l'octogénaire et son groupe de marche nordique.


Bondrée de André A. Michaud
A l'été 67, une jeune fille disparaît dans les épaisses forêts entourant Boundary Pond, un lac aux confins du Québec rebaptisé Bondrée par un trappeur enterré depuis longtemps. Elle est retrouvée morte, sa jambe déchirée par un piège rouillé. L'enquête conclut à un accident : Zaza Mulligan a été victime des profondeurs silencieuses de la forêt. Mais lorsqu'une deuxième adolescente disparaît à son tour, on comprend que les pièges du trappeur ressurgissent de la terre et qu'un tueur court à travers les bois de Bondrée. Une écriture raffinée au service d'atmosphères angoissantes et de subtiles explorations psychologiques, dans la plus pure tradition de Twin Peaks de David Lynch.